Les enfants des maigres

Inspiré par ce post sur mnmlist (le site tellement minimaliste qu’il t’enlève les voyelles), où l’auteur explique que pour maigrir et réduire son empreinte carbone, il suffit de manger moins.

C’est d’un bon sens irréfutable.

L’auteur explique également qu’il vaut mieux manger moins de viande, voire plus du tout. Effectivement, l’élevage des animaux nécessite beaucoup de surface et d’eau. De plus, ses pratiques sont cruelles.

L’auteur poursuit alors en expliquant comment reconnaître les signaux de satiété envoyés par le corps. Il conseille, aussi, de prendre le temps de respirer après avoir mangé à peu près ce dont on pense avoir besoin et d’attendre 10 minutes avant d’avaler autre chose. Il fait part de ses doutes sur cette culture américaine où on mange sans y penser.

Je trouve ça ahurissant qu’on ait à ce point perdu contact avec son propre corps pour devoir se faire expliquer sur Internet ce que c’est que la satiété. Pour devoir réapprendre, à l’âge adulte, à s’écouter.

De plus en plus, on soutient qu’il faut manger moins de viande, voire plus du tout. Mais le fait de pouvoir manger de la viande tous les jours est une évolution récente, et certainement pas répandue sur la totalité du globe. Au début du siècle précédent, de nombreuses personnes ne mangeaient de la viande que rarement, et la réservaient aux jours gras, aux moment fastes. Si l’on se penche un peu sur les régimes alimentaires des siècles précédents, on se rend compte qu’ils étaient quasi totalement végétariens. Encore aujourd’hui, les cuisines de l’Inde et du Maghreb offrent des plats traditionnels sans viande (alors qu’en France…).

Pour nos ancêtres pas si lointains, manger de la viande tous les jours était synonyme de grand luxe. Est-ce pour cela que nous disposons, aujourd’hui, de tant de viande ?

Est-ce aussi pour cela qu’aux Etats-Unis, manger beaucoup est la norme ? Quand je pense aux Américains obèses, je pense à leurs ancêtres maigres, des immigrés qui n’avaient rien à perdre et qui souffraient de la faim plus souvent qu’à leur tour, des gens émaciés, avec des yeux énormes et pleins de convoitise pour des nourritures imaginaires, des Arlequins qui ne pensaient qu’au prochain repas parce que celui-ci était loin d’être acquis d’avance, prêts à travailler dur pour que leurs enfants puissent ne jamais connaître ces soucis et qu’ils réalisent ce rêve : manger, manger, manger à s’en faire éclater la panse.