Je l’ai rencontrée la première fois vers l’âge de 11 ans, elle m’a fascinée. J’ai repensé à elle, bien longtemps après, déçue par des histoires que j’adore mais où les femmes sont des potiches ou sont sempiternellement cantonées à l’arrière-plan. Je l’ai redécouverte vingt ans après, après l’avoir cherchée sur la base d’un souvenir vague, et elle m’a à nouveau enchantée.
Elle, c’est Aérine, l’héroïne de Casque de feu, un roman de Robin McKinley. Le titre et la couverture française sont volontairement ambigus sur le sexe du personnage principal, tout comme le titre et la couverture de l’original, en anglais (The Hero and the Crown). Forcément, car si les petites filles lisent des histoires dont le héros est une fille ou un garçon, les garçons, c’est bien connu (ça leur est bien inculqué, surtout), ne lisent pas d’histoire dont une fille serait l’héroïne…
Aérine est fille de roi, mais sa position à la cour de son père est précaire, car sa mère appartenait au peuple des ennemis héréditaires du royaume. Elle s’ennuie parmi des courtisans qui la détestent. Un jour, elle retrouve la recette d’un baume anti-feu dans un livre de chroniques historiques et décide de s’en servir pour combattre les dragons…
Casque de feu est un roman essentiel pour de nombreuses raisons :
1) on ne le lâche pas, entre péripéties et sens de l’humour de l’héroïne.
2) il enseigne (ou rappelle les vertus de) la persévérance. Dans la première partie, Aérine est une ado qui se cogne aux meubles et ne sait pas quoi faire d’elle-même. Dans la deuxième, elle tue des dragons et s’impose comme une femme et une guerrière de toute première classe. La différence est énorme mais pas surprenante, parce qu’on l’a suivie dans ses longues séances d’entraînement. Elle n’accomplit pas de grandes choses parce qu’elle est « douée ». Elle s’entraîne pendant des heures, jour après jour, en ignorant les courbatures et les ampoules.
3) il y a une superbe histoire d’amour, qui n’a pas perdu de sa force ni de son originalité.
J’ai relu Casque de feu en l’analysant scène par scène, pour mieux comprendre comment l’histoire s’articulait. Loin de montrer certaines faiblesses ou de désenchanter l’histoire, au contraire, ce procédé m’a donné l’impression d’analyser de près les rouages d’une mécanique exceptionnelle.